Analyse : quelles sont les causes des coups d’Etat en Afrique ?

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Le Burkina Faso et le Mali ont enregistré, ces dernières années, le plus de coups d’Etat. La Guinée et le Soudan ont récemment rejoint la liste. Tous ces pays sont actuellement dirigés par les militaires. Il est vrai que l’histoire de beaucoup de pays africains est marquée par cette mauvaise expérience. Mais quelques pays s’étaient engagés sur la voie démocratique. Même si les efforts sont encore minces, il faut reconnaître que l’Afrique avait déjà enregistré des avancées dans ce domaine.

Lazare Tshipinda Kasonga Professeur en Sciences Politiques, indique qu’il est temps de remettre en question les acquis de la démocratisation des années 1990. La résurgence de coups d’Etat en Afrique est, dit-il, liée à des causes internes. Il craint que d’autres pays dont la situation politique est encore fragile finissent par connaître le même sort.

« Les coups d’Etat n’ont toujours pas de causes internes mais aussi de causes d’entraînement par le fait que les militaires ont pris le pouvoir ici. Les autres qui sont dans les pays voisins peuvent faire la même chose, c’est ça le danger que nous sommes entrain de redouter. C’est aussi une remise en cause de la situation de l’héritage que nous avons eu d’après 1990 et c’est dangereux si on remettait en cause cet héritage que nous avons eu, cette précieuse expérience démocratique», explique Lazare Tshipinda Kasonga

Pour sa part, Joël Kabengele Assistant au département de Relations Internationales de l’Université officielle de Mbujimayi, pense que c’est généralement l’issue des élections présidentielles dans certains pays qui cause ce soulèvement. « Au niveau interne, le pouvoir politique en Afrique s’exerce de deux manière soit on organise les élections, et celui qui est plébiscité candidat est soit mal élu ou il y a truc. Généralement quand il y a élection en Afrique, il y a toujours contestations, soit on est mal élu, soit le deuxième moyen par lequel on accède au pouvoir en Afrique c’est le coups d’Etat», analyse-t-il.

De son côté, le Professeur en sociologie Valérie Kabiena pense que les coups d’Etat sont au départ un phénomène social qui trouve sa raison d’être par contagion ou par imitation. Pour ce sociologue, ceux qui recourent aux coups d’Etat se retrouvent dans une position de faiblesse et se sentent incapables de réussir aux élections.

« On a vu les coups d’Etat s’opérer ailleurs, les autres ont apprécié ou soutenu cela. Les autres aussi s’imitent, mais en Sciences sociales nous avons appris qu’il y a autant de voies pour accéder au pouvoir, la nomination, l’héritage et les coups d’Etat qui est sur les voies d’accession au pouvoir. Parfois certains pensent que s’ils recouraient aux élections, ils ne reussiraient pas. Ils n’ont pas voulu respecter la voie des élections et ils recourent au coup d’Etat», déclare ce Professeur en sociologie.

Il vous souviendra que depuis 2020, la vague de coups d’Etat semble revenir dans ce continent africain, les africains sont en train de revivre la situation du 1960-1970, avec plus de 4 coups d’Etat perpétrés en Afrique de l’Ouest notamment au Mali en août 2020 et mai 2021, en Guinée Conakry au mois de septembre 2021, et cette année au Burkina Faso janvier.

Célé Tshimanga Buanga