Kasaï oriental : déchu en douceur, le Gouverneur Mathias Kabeya mis en accusation et déféré devant la justice par l’Assemblée provinciale
Les choses sont allées très vite pour le patron de l’exécutif provincial. Les députés réunis en plénière au siège de l’organe délibérant, ont voté lundi 24 juillet une résolution portant mise en accusation du gouverneur de province, Patrick-Mathias Kabeya Matshi Abidi. 19 membres sur 24 que compose la représentation provinciale ont pris part à cette séance. 17 ont voté pour, un s’est abstenu, un autre a voté nul. En des termes plus termes, la déchéance du Gouverneur s’est déroulée en douceur au moment où son camp attendait son interpellation pour se défendre face aux griefs retenus à sa charge.
Le rapport d’enquête parlementaire exécutée au gouvernorat a été préalablement présenté par la commission ad-hoc avant d’être voté à l’unanimité. C’est ce rapport qui cloue en effet l’autorité provinciale. Il révèle que Patrick-Mathias Kabeya Matshi Abidi s’est rendu coupable notamment de détournement des deniers publics. Les ministres provinciaux des finances et de l’agriculture, ainsi que conseiller financier du gouverneur sont aussi concernés par cette mise en accusation. Selon les articles 194 du règlement intérieur et 80 de la loi organique, les personnes visées doivent déposer endéans 24 heures leur démission. À défaut, elles sont réputées démissionnaires. Ils sont par la même occasion poursuivis en justice.
L’article 87 de la loi organique dispose que « sans préjudice en matière d’infractions intentionnelles flagrantes, le Gouverneur, Vice-Gouverneur et ministres provinciaux ne peuvent être poursuivis et mis en accusation que par l’Assemblée provinciale statuant au scrutin secret et à la majorité des membres qui la composent » et l’Article 80 alinéa 2 stipule que « tout membre du Gouvernement mis en accusation présente sa démission dans les vingt-quatre heures. Dépassé ce délai, il est réputé démissionnaire». Au regard de ces dispositions, le Gouverneur et ses collaborateurs doivent en principe déposer leur démission ce mardi 25 juillet s’ils ont été notifiés lundi. Un exercice pas facile pour celui qui a pris la commande de la province avec objectif de redonner le sourire à la population et qui tente d’y arriver.
Le Gouverneur est aussi accusé d’outrage à la première institution de la province et la séquestration des membres de l’Inspection générale des finances venus contrôler les finances publiques provinciales. En effet, en cas de refus d’une invitation de la commission mise en place pour enquêter ou contrôler la gestion de la province, trente jours après, cet acte n’a aucun autre nom que l’outrage à l’Assemblée provinciale, disposent les textes réglementaires. Selon le rapport, une invitation a été adressée à l’exécutif provincial depuis le mois de juin. Il n’a jamais répondu à cette dernière, ce qui justifie l’accusation portée contre lui.
Ronsard Luabeya