Kasaï oriental : ces malversations financières qui font couler Matshi Abidi et le déférent devant la justice

Kasaï oriental : ces malversations financières qui font couler Matshi Abidi et le déférent devant la justice
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Les députés provinciaux ont finalement signé l’arrêt de mort du Gouverneur de province Patrick Mathias Kabeya. Des accusations portées contre lui et certains membres de son gouvernement ont poussé les élus provinciaux à adopter une nouvelle initiative pour sa destitution. Ce lundi, après une longue séance plénière marquée par la lecture du rapport parlementaire et le débat qui a suivi, la commission de contrôle parlementaire a proposé à l’Assemblée provinciale plusieurs recommandations dont la mise en accusation de Patrick Matthias Kabeya Matshi Abidi devant la justice ou le vote d’une résolution portant motion de défiance contre lui.

Très vite, les choses se sont accélérées. Les députés provinciaux n’ont pas tardé à adopter la recommandation et ont voté pour la résolution de mise en accusation du Gouverneur devant la justice. Au total, 17 sur 19 présents ont été pour cette démarche. Ce qui implique que le Chef de l’exécutif provincial est appelé à démissionner dans les prochaines 24 heures. En cas de refus, il est réputé démissionnaire conformément aux articles 194 du Règlement intérieur de l’Assemblée provinciale et de l’article 80 de la Loi organique.

Mathias accusé des détournements

Après l’ouverture de la session extraordinaire à l’Assemblée provinciale, les députés provinciaux se sont réunis pour la troisième fois. Ce, après l’éviction de l’ex-président de l’organe délibérant. Inscrite comme matière à traiter pour cette session spéciale, la présentation du rapport sur le contrôle parlementaire effectué dans les institutions provinciales et collectivités locales a eu lieu, ce lundi 24 juillet, lors d’une nouvelle plénière.

Les conclusions de ce rapport ont été présentées par les députés Junior Muteba et Robert Kalonji, respectivement président et rapporteur de la Commission de contrôle parlementaire. Clairement, elles incriminent le Gouverneur de province Patrick Kabeya Matshi Abidi et certains ministres provinciaux, tous cités dans un scandale financier qui est assorti des preuves de détournement des fonds. Et même son conseiller en charge des finances se trouve embourbé dans ces manœuvres. Ces informations sont issues des enquêtes menées auprès des ministres provinciaux sur la gestion des fonds destinés aux projets exécutés en province afin de pouvoir déterminer leur traçabilité.

Semble-t-il que ce que les membres de la Commission ont découvert est tout de même grave. Au regard des éléments d’informations révélés lors de la plénière, il ressort que le Gouverneur Patrick Mathias Kabeya est accusé d’avoir détourné plus d’un milliard de Franc congolais destinés à l’installation des membres du Gouvernement provincial. Le rapport note également le détournement de 300 millions de FC dont la traçabilité n’est pas bien définie.

D’après la même Commission, Patrick Mathias Kabeya aurait détourné l’enveloppe salariale des mois d’avril et mai 2022 destinée au personnel, laissé par le Gouverneur sortant pour payer indument son équipe. Elle parle également de 40 % des fonds de rétrocession du FONER recouvrés au payage sur la nationale numéro 1. Il est également révélé que les fonds de la vente des plaques minérales n’existent nulle part.

Les membres de cette Commission ont continué de charger le Gouverneur. Ils l’accusent d’avoir organisé la cybercriminalité financière et détourné trois véhicules nouvellement acquis au profit de la province en complicité avec Monsieur Edgar Tshibangu, identifié comme ministre des ITPR. Ils disent avoir également constaté que l’autorité provinciale aurait fait usage de faux sur les factures d’acquisition desdits véhicules. Pour eux, le Gouverneur Patrick Mathias Kabeya a fait preuve d’outrage à l’Assemblée provinciale en refusant de répondre aux correspondances lui adressées dans le cadre du contrôle parlementaire.

Patrick Mathias Kabeya s’est-il lui-même enfoncé ?

Les soupçons de malversations financières ont commencé à courir quelques mois avant la fin de la session parlementaire de mars. Les délégués de l’inspection générale des finances qui avaient déjà démarré le contrôle financier, quelques mois en avant, avaient constaté une mauvaise traçabilité des fonds. Mais rien n’était pas encore allé plus loin jusqu’à ce que les premiers communiqués de l’IGF tombent, confirmant ces malversations financières et la non déclaration des comptes Agripel et Solidarités.

A la lumière des éléments d’informations mis à la disposition de l’IGF, ces deux comptes n’étaient que connus du seul Gouverneur et non de l’Assemblée provinciale comme c’est le cas avec d’autres comptes. Il s’avère que depuis mois, ces comptes sont ravitaillés des fonds par le Gouvernement central. Cependant, dans les faits, leur utilité n’a pas été bien justifiée. Ce qui a expliqué le blocage de quelques comptes de la province afin de permettre l’équipe de l’IGF de poursuivre avec le contrôle.

Parallèlement, au regard de la polémique que cela avait suscité dans l’opinion publique, l’Assemblée provinciale avait donc décidé de mener à son tour des enquêtes pour savoir comment étaient gérées les finances publiques. Une commission parlementaire a été mise en place et a été déployée dans toutes les institutions et collectivités. Les soupçons de malversations financières ont continué à renforcer les convictions des élus provinciaux que l’exécutif provincial pouvait y être embourbé.

Ce qui fâche, selon le président de la Commission de contrôle parlementaire Junior Muteba, c’est le fait que les membres de sa commission ont eu du mal à accéder à certaines informations auprès des banques commerciales locales sur les transactions effectuées sur les comptes de la province. L’élu de Lupatapata s’est interrogé sur celui qui a intimé l’ordre aux responsables de la Banque. Mais l’interrogation est restée sans suite Il signale aussi que certaines questions qu’ils se posaient n’ont pas trouvé de réponses parce que les lettres adressées au Gouverneur n’ont jamais connu de retour. Seule la Banque Centrale du Congo a mis à sa disposition toutes les informations que recherchait la commission, renseigne le président de la Commission.

Ronsard Luabeya

Rédaction

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