Kasaï oriental : financement et développement du secteur agricole provincial, l’Ong CODESCI invite le gouvernement provincial à mener des actions innovantes
Listen to this articleL’Ong CODESCI vient de publier son deuxième rapport sur l’analyse du financement du secteur agricole au Kasaï Oriental. Ce rapport intégre les conclusions des consultations citoyennes menées auprès des ménages agricoles de la province. C’est au cours d’un Forum de validation des études menées, que les Experts du Collectif pour le Développement Economique, Social et Culturel Intégré ont présenté, ce jeudi 28 décembre 2023, un tableau sombre du financement du secteur agricole dans la province du Kasaï Oriental.
Il ressort de cette étude que le secteur agricole en province est négligé dans tous les budgets de la province entre 2020 à 2023. Il est budgétisé à moins de 4% du budget global chaque année. Même la part attendue du gouvernement central navigue entre 0,02 à 4% (cfr budgets du Kasaï Oriental 2020-2022). Cette faible budgétisation ne permet pas la réalisation des actions qui peuvent développer le secteur agricole au Kasaï Oriental.
Par ailleurs, les actions budgétisées dans le secteur agricole sont identiques d’année en année depuis 2020 à 2022, ce qui ne reflète aucune innovation en faveur du développement agricole. Il s’observe que la politique agricole provinciale n’est pas mise à jour. Les recherches et études de qualité de sol sont quasiment inexistantes et ne permettent pas ainsi d’orienter des cultures au prorata des sols appropriés, une faible capacité de la province à renforcer les compétences des moniteurs agronomes, pas de programme du gouvernement qui implique les ménages et les coopératives agricoles, ni l’installation des organes consultatifs et agricoles. Bref, le financement du secteur agricole au Kasaï Oriental n’est pas organisé.
La moyenne du taux de réalisation du budget du secteur agricole au Kasaï Oriental, entre 2020 à 2023 est de moins de 3%. A cet effet, les experts du CODESCI préconisent un rectificatif budgétaire dès l’entame de 2024 afin que le prochain gouvernement provincial revoie à la hausse la budgétisation du secteur agricole à au moins 5 % du budget global. Ce pourcentage devra être évolutif d’année en année jusqu’à atteindre au moins 10% comme c’est le cas dans la loi des finances du gouvernement central 2024 et comme le stipule les accords de Maputo auxquels a souscrit la RDC depuis 2003.
Le secteur agricole du Kasaï Oriental mérite beaucoup d’attention du gouvernement provincial et nécessite, à cet effet, d’être encadré par des études et des recherches appropriées pour identifier les causes réelles du sous-développement agricole. Ce qui nécessite une évaluation profonde de la politique agricole et foncière provinciale ainsi qu’une mise à jour du programme provincial d’investissement agricole et de la réforme foncière. Ce travail implique la contribution des tous les acteurs clés du secteur agricole.
Ronsard Luabeya
