Insécurité à l’Est de la RDC : Félix Tshisekedi va-t-il déboiser la forêt que cache l’arbre ? [Réflexion de Jeanot Lubamba Ciamala]

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Dans la soirée de ce jeudi 03 novembre 2022, le Président de la République Démocratique du Congo (RDC), Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, s’est adressé aux Congolais sur la situation sécuritaire qui prévaut dans l’Est du pays. Il les a appelés à une forte mobilisation tous azimuts face à l’agression dont le Congo est victime.

Déterminé à réaliser sa grande promesse de campagne : pacifier l’Est du Congo, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a déploré l’échec des voies diplomatiques. Il est donc prêt à enclencher la guerre contre le Rwanda, en plus de l’état de siège qui a permis d’améliorer tant soit peu la situation sécuritaire dans les provinces de Nord-Kivu et de l’Ituri. D’aucuns justifient cette position du Chef de l’Etat et du Gouvernement de la République par l’atterrissage signalé à Kananga des avions de chasse en destination de l’Est.

En effet, la guerre est le moyen le plus coûteux parmi les moyens de règlement des conflits. On y recourt lorsque les autres moyens parmi lesquels la diplomatie, le dialogue, n’ont pas abouti à un accord ayant engendré une paix durable.

Je salue la courageuse décision du Commandant Suprême des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et de la Police Nationale Congolaise (PNC) avec le Gouvernement de la République de passer à une vitesse supérieure dans son engagement de sécuriser les populations de l’Est. En clair, Tshisekedi Tshilombo et son Gouvernement lancent la guerre aux rebelles dits de M23, mouvement satellite du Rwanda et de l’Ouganda qui sème terreur et désolation dans la partie orientale du Congo depuis plus de deux décennies.

Cependant, comme nous le savons tous, le Rwanda qui est en avant dans ces affrontements avec les FARDC n’est qu’une tâche sur la carte de l’Afrique et ne peut donc pas prétendre combattre contre la RDC, un pays aux dimensions continentales. C’est ici qu’il faut interroger la capacité de mobilisation relationnelle du Rwanda. Qui est parrain du Rwanda dans la guerre de l’Est de la RDC ? Quels intérêts ces parrains poursuivent-ils ? On s’accorderait néanmoins à confirmer que le Rwanda n’est qu’un arbre qui cache la forêt. Dans ma langue maternelle (Ciluba) on dirait : Rwanda mwana wa mpuku (Rwanda est le petit d’un rat). Et alors, quelle est la forêt derrière l’arbre ? En Ciluba, on dirait : « Mamwenda wa mpuku’ewu nganyi ? »

Cela revient à dire que si les autorités congolaises s’engagent sur la voie de la guerre contre le Rwanda (arbre cachant la forêt et « Mwana wa mpuku »), donc elles s’engagent à attaquer la forêt derrière et « mamwenda wa mpuku ». Mais est-ce que les autorités congolaises y pensent-elles ? Sont-elles prêtes pour une telle entreprise ? Sur quel soutien extérieur pourraient-elles compter sur l’espace international ? Quelles stratégies pourraient-elles définir ? Les Congolais sont-ils disposés à soutenir une telle position si jamais le Président de la République et le Gouvernement la prenaient ? Les FARDC sont-elles préparées, motivées et équipées pour une telle entreprise étant donné que le pays est sous embargo pour l’achat d’armes ?

Dans tous les cas, la volonté politique de protéger les populations a été manifestée. Et ce sont des millions de victimes sauvagement assassinées que le pouvoir de Kinshasa s’engage à venger. Il est donc déterminé à en finir avec la guerre dans l’Est du Congo. Quels moyens pourront aider à atteindre cet objectif ? Le temps nous en dira.

Jeanot Lubamba Ciamala