Arrivée de Macron en RDC : le Professeur Alphonse Toussaint Tshitenga Mulumba estime que la France est en reconquête de son image en Afrique [ Invité]

Arrivée de Macron en RDC : le Professeur Alphonse Toussaint Tshitenga Mulumba estime que la France est en reconquête de son image en Afrique [ Invité]
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L’arrivée du Président français Emmanuel Macron en RDC interresse plusieurs médias dont coulisses.net. Pour mieux cerner les enjeux de cette venue et l’analyse sur les réactions de plusieurs congolais opposés à l’arrivée du Président français, le Professeur Alphonse Toussaint Tshitenga Mulumba, spécialiste des questions internationales a accepté de répondre aux questions de notre rédaction. Le président national du parti politique LA RELANCE est interrogé par Marc Valentin Kalcind.

Question 1. Professeur Alphonse Toussaint Tshitenga Mulumba bonjour. Comment vous envisagez la visite du Président Macron sur le plan diplomatique ?

Prof: Je pense que la première des choses c’est de savoir que la France est en train de se recréer en Afrique. Les difficultés qu’a connues la France surtout du côté de l’Afrique de l’ouest en termes de ses relations diplomatiques avec certains pays notamment le Mali et d’autres pays appellent à une renaissance de la politique étrangère de la France face à l’Afrique. Je pense dans un premier temps que ça, c’est une nouvelle naissance de la France en Afrique.

En second lieu, je pense que la RDC est un pays très fort tant sur le plan de l’utilisation de la langue française que sur le plan stratégique au sein de l’Afrique. Il est très important que le Président français fasse cette visite pour venir exprimer un language qui est tout autre et redéfinir leur politique étrangère spécialement durant cette période où il y a une agression rwandaise qui toque à notre porte à chaque instant et qui nous dérange.

Question 2. la visite du Président français en RDC est mal vue par la majorité des congolais, des menaces de part et d’autre, vous l’avez entendu, la toile s’est enflammée et l’on estime que le Président Macron n’est pas le bien venu en RDC, comment vous analysez toutes ces réactions enregistrées dans la classe politique et sociale congolaise?

Prof: La diplomatie n’est pas celle qui se fait dans les rues de Kinshasa. Ce n’est pas ce qui se fait sur la route allant de l’aéroport en ville. Ce n’est pas ça la diplomatie. Ce n’est pas non plus ce qui se fait sur les réseaux sociaux où chacun a un commentaire à faire. Il est très important que le Président français vienne et entretienne une conversation avec le Président Félix. Il en va de l’image de notre pays. Premièrement vous le savez très bien, nous avons reçu le Pape François il y a de cela quelques semaines. C’est une bonne image pour la RDC. Nous allons recevoir le Président français. Nous avons reçu tant d’autres dirigeants mondiaux et aussi dirigeants des organisations internationales sur le sol congolais. Ça, c’est important.

Moi je pense que le peuple congolais doit savoir faire la part des choses. Il y a ce sentiment anti-français qui se crée déjà en Afrique évidemment, il y a des raisons d’y croire. Il y a aussi des raisons fondées pour justifier ce sentiment là. Mais, je pense que nous devons faire la part des choses. Nous devons parler ici des intérêts de la RDC et non généraliser les intérêts de toute l’Afrique parce que les besoins en quelque sorte de l’Afrique de l’ouest sont différents de ceux de l’Afrique centrale et ceux de la RDC.

Certes, la rue ne veut pas la venue du Président français mais c’est à notre avantage que le Président français vienne et s’entretienne avec son homologue congolais, le Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.

Question 3. Le Président français n’est pas très clair sur l’agression rwandaise dont est victime la RDC. L’opinion française reste ambiguïe et floue jusqu’à ce jour. Pensez-vous qu’avec son arrivée, Emmanuel Macron va apporter la lumière sur ce qu’il entend sur cette agression rwandaise ?

Prof: La diplomatie répond par la pression. Et la pression est souvent une pression politique ou économique. Je pense qu’après multiples pressions qui ont été exercées sur le plan international par le Président de la République, nous avons vu un shift dans le langage notamment des américains qui avaient avant du mal à condamner l’agression rwandaise. Mais maintenant ils le font. Le Président français venant ici aura la même expérience que le pape François, dans la mesure où il aura à expérimenter, à vivre, à voir de près, les réalités congolaises. Cela pourrait aussi pousser à une réduction de la politique française par rapport à cette question là.

Cestes, les français ne sont pas clairs sur le fait qu’ils doivent exiger le retrait des troupes rwandaises du territoire Congolais et exiger la paix, mais je pense que sa venue ici, pourra être cette goûte d’eau là, dont nous avons besoin pour pousser la France finalement à être claire sur la question. Il en va de la crédibilité française à condamner toute agression, à condamner tout conflit et à condamner toute sorte des troubles qui se passent sur le continent africain et ne pas s’y impliquer. S’il doute, qu’il voie juste ce sentiment qui a grandi à partir de l’Afrique de l’ouest pour en justifier.

Question 4: Une certaine opinion estime que le Président français se trouvant déjà en mal par rapport à l’Afrique, vient redorer son image en venant en République Démocratique du Congo. est-ce que vous soutenez cette thèse ?

Prof: Oui. J’ai dit que la venue du Président français est une renaissance de la politique française vis-à-vis de l’Afrique. Mais ce n’est pas la faute nécessairement à Emmanuel Macron comme Président de la République. C’est-à-dire, depuis une décennie, la France-Afrique qui tire ses origines à partir de l’époque post-coloniale et est devenue de plus en plus inutile et d’après certains plus toxique. Il est important qu’au moment où assistons à une émergence de plusieurs pays africains, il est important que la France se redefisse dans sa relation avec les pays africains. Cette venue de la France en Afrique, est une renaissance de la politique étrangère française face à l’Afrique. S’il elle n’est pas bien jouée, la France risque de perdre complètement l’amitié ou le groupement avec certains pays africains qui vont commencer à solliciter une solidification de leurs relations diplomatiques avec d’autres acteurs tel que la Russie et d’autres acteurs dans le monde.

Question 5. Et si on vous demandait un message à l’endroit de la population méfiante par rapport de la venue de Macron

Prof: Je pense, les congolais souvent savoir que, il est important que le Président vienne. Il est important que nous ayons sur le sol congolais des leaders internationaux qui viennent nous visiter chez nous. C’est une bonne image que nous donnons à l’international. Vous ne savez pas combien de millions de dollars ça injecte dans le tourisme ? Alors c’est très important. Mais sur le plan diplomatique, lorsque un leader fait un déplacement, et est accueilli dans votre pays, cela symbolise qu’il y une raison de croire à une forte collaboration diplomatique entre les deux nations.

Que les congolais s’apaisent. Ça ne sert absolument à rien de jeter des pierres aux leaders internationaux qui nous visitent, ça donne en fait une mauvaise image du pays. Patrick Muyaya, notre ministre de la communication a souvent parlé du changement de narratif. Le changement n’est pas seulement au sein de la classe politique congolaise mais c’est aussi l’image de la RDC que nous donnons à l’international. Alors accueillons le Président très bien parce qu’il en va de notre avantage diplomatique. Il en avant aussi de la crédibilité de notre pays et de notre Président.

Professeur Alphonse Toussaint Tshitenga Mulumba, merci !

Prof: merci, c’est moi qui vous remercie.

Marc Valentin Kalcind

Rédaction

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