Non, la profanation des églises au Kasai n’est pas la conséquence des discours incendiaires, comme l’a affirmé Adam Bombole

Non, la profanation des églises au Kasai n’est pas la conséquence des discours incendiaires, comme l’a affirmé Adam Bombole
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La profanation des églises au Kasai n’est pas la conséquence des discours incendiaires des politiques, comme l’a affirmé le président national du parti politique « Ensemble changeons le Congo (ECO)» sur Twitter.

Le 31 juillet dernier, Mgr Bernard-Emmanuel Kasanda, l’évêque du diocèse de Mbujimayi, dans la province du Kasai oriental, adresse un message aux chrétiens et aux autorités pour dénoncer la profanation des églises catholiques. Dix paroisses ont été victimes de ces actes de vandalisme depuis le mois d’avril 2021. Il s’agit de la Cathédrale Saint Jean-Baptiste de Bonzola, Saint Amand de Ngandanjika, Sainte Bernadette de Nkolongo, Inabanza de Ngandanjika, Saint Vincent de Paul de Nkwadi, Christ-Roi de Kasansa, Saint Robert de Kansele, Saint Philippe de Kasavubu, Saint Paul de Cimuna, Notre Dame de Lourdes de Kakuna, Saint Albert Le Grand de Kabimba. Et même le Projet Ditunga, une organisation tenue par un prêtre catholique, a été ciblé par ces attaques à Ngandanjika, dans la province de Lomami.

« Que les coupables soient poursuivis devant les cours et tribunaux pour y subir la rigueur de la Loi. La législation canonique de notre Eglise condamne avec la dernière énergie ces actes de profanation et prévoit des sanctions très sévères à l’endroit de quiconque les commet », note Mgr Bernard-Emmanuel Kasanda.

Dans son message, l’évêque du diocèse de Mbujimayi précise que des ornements liturgiques, objets sacrés, statues du sacré-cœur de Jésus et de la vierge Marie, tabernacles ou encore le très saint-sacrement de l’autel ont été volés par des hommes mal intentionnés depuis près de quatre mois. En parlant des hommes mal intentionnés, il ne précise qu’en aucun cas, il s’agit des militants d’un parti politique ou d’une autre forme d’organisation.

« L’issue des discussions entre confessions religieuses n’a rien à voir avec la profanation des églises catholiques au Kasai »

La dénonciation de l’évêque du diocèse de Mbujimayi est faite au lendemain des discussions entre confessions religieuses à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo pour désigner le futur président de la Commission électorale nationale indépendante. Discussions qui ont mal tourné, puisque les huit confessions vont finir par ne pas s’entendre. Des tensions éclatent dans la capitale. Un groupe d’hommes manifestent devant la résidence du Cardinal Ambongo.

Dans les états-majors des partis politiques, les hommes politiques multiplient des sorties médiatiques. Les uns dénoncent la profanation des églises catholiques, les autres lient ces actes aux événements qui ont suivi les discussions entre confessions religieuses. Une avalanche de messages d’hommes politiques sont visibles sur les réseaux sociaux.

« Les vols et pillages dans les paroisses catholiques ne sont pas la Conséquence des discours incendiaires de ces derniers jours »

Le 1er août, Adam Bombole, président national du parti politique « Ensemble changeons le Congo » dénonce, à son tour, ces actes qui ont visé  un certain nombre d’églises catholiques. Sur son compte Twitter, il laisse un message :

« Vols et pillages dans les paroisses catholiques, bien ciblées, au Kasai, ne sont pas anondins et doivent nous interpeller ! Conséquence des discours incendiaires de ces derniers jours. Nous condamnons et interpellons le pouvoir pour éteindre l’incendie », a écrit sur Twitter Adam Bombole.

Dans son message, une de ses affirmations est fausse : « le fait de dire que les vols et pillages dans les paroisses catholiques…sont les conséquences des discours incendiaires de ces derniers jours. »

Indigné par cette récupération politicienne, Mgr Emmanuel-Bernard Kasanda appelle à ne pas torpiller son message, à l’issue d’une réunion du comité provincial de sécurité élargi à l’église catholique.

« Je leur dis non. Ne me mettez pas là où vous devez mettre. Comprenez ma situation. C’est ici, n’allez pas m’arranger avec le problème de la Ceni par exemple. Je ne suis pas à la Ceni. Ce n’est pas ça. Si la déclaration est là avec nos préposés qui sont là, c’est la Cenco. On n’a pas à confondre avec le vandalisme au niveau du diocèse de Mbujimayi. C’est deux démarches même si c’est concomittant. Ne faisons pas la confusion de ce qui se passe…. Ce qui s’est passé ici, je ne peux pas dire que, c’est parce qu’il y a une certaine connivence avec ceux qui sont en train de se décréter aussi à Kinshasa », précise Bernard-Emmanuel Kasanda.

Une enquête a été ouverte

A l’issue d’une réunion du conseil provincial de sécurité élargi à l’église catholique, menée le 2 août, la gouverneure ad intérim, Jeannette Longa, a décidé de l’ouverture d’une enquête en vue d’identifier les auteurs de ces vols. Tous les services de sécurité ont été enjoints de mener des enquêtes dans les paroisses vandalisées, selon le compte rendu de cette réunion. Parmi les premiers suspects sur lesquels les enquêtes devaient être menées, il y a entre autres des groupes de l’église catholique, des féticheurs et des non catholiques.

« Ces pistes vont des fidèles catholiques qui évoluent dans les prières charismatiques « mamu wa bupole » et les déviants qui n’ont pas respecté les lieux des prières présents et l’idéal de l’église en passant par des marginaux qui sont dans le besoin de chercher les symboles purs de l’église catholique pour leurs besoins spirituels obscurs. Il y a ceux qui sont dans le monde fétichiste et qui pensent consolider leur pseudo-puissance en se dotant des choses sacrées de l’église catholique, comme ça serait le cas avec ce qui s’est passé à l’église Saint Robert de KanseleIl y a enfin les adeptes des églises indépendantes qui prient comme des catholiques mais sans l’être effectivement, mais qui ont besoin des symboles catholiques », révèle le compte rendu du comité provincial de sécurité fait par Lazare Tshipinda Kasonga

Le 13 août, le Commissaire provincial de la police, Roger Singa Vola, a annoncé que le présumé auteur des actes de vandalisme a été retrouvé, possédant des objets sacrés dont la statue de la vierge Marie.

« On a mis la main sur un certain féticheur Kapanga Mbuyi. Chez lui, on a retrouvé une statue de la statue de la vierge Marie. Mes éléments ont supposé que cette statue pourrait provenir des églises catholiques qui ont été vandalisés ou profanés par les inciviques », fait savoir Roger Singa Vola.

Ronsard Luabeya

Rédaction

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