Kasaï oriental : « Le chef de l’État peut fermer l’assemblée provinciale », avertit Nana Manuanina les élus provinciaux avant la rentrée de septembre
La province du Kasaï oriental brille par le manque de cohésion et d’unité depuis le début de la mandature de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. C’est du moins la conclusion à laquelle la ministre près le Président de la République Nana Manuanina est parvenue, à l’issue des échanges avec différentes catégories des classes sociales le dimanche 22 août. Elle en a fait mention ce lundi 23 août au cours de la conférence qu’elle a animée en présence de la Gouverneure Intérimaire Jeannette Longa. Les députés provinciaux ont été plus placés sur le banc des accusés.
Usant d’une rhétorique sans contours, la déléguée du président Tshisekedi n’a pas mâché les mots devant les élus provinciaux. Étant suffisamment informée des troubles en vue, à la veille de la rentrée parlementaire de septembre 2021, Nana Manuanina les a mis en garde.
« Je suis en train de me demander, quand les députés provinciaux vont reprendre au mois de septembre, qu’est-ce qu’on ne va pas entendre? Je me suis vite posée la question de savoir: ces députés là militent pour l’intérêt de qui? Parce que si c’était pour l’intérêt de la population, on trouverait un terrain d’entente. Si c’était pour l’intérêt de la population, on éviterait des intérêts personnels. On se sacrifierait. Mais vous oubliez que le chef de l’État peut se réveiller un matin et fermer l’assemblée provinciale. Ça, c’est ce que vous oubliez », a-t-elle averti sous la clameur de la population rassasiée de vivre des scènes toujours dégoûtantes.
L’hôte du Kasaï oriental a par ailleurs condamné le fait que les députés provinciaux sont des auteurs des conflits dans les communautés, trahissant la confiance placée en eux par la pauvre population qui croupit dans la misère la plus noire.
« On vous a fait confiance. On vous a mandaté d’abord pour l’intérêt du peuple. Le peuple n’est pas toujours naïf. Il vous observe. On ne vous interdit pas de vous retrouver, de bien vivre. Mais pensez aussi pour l’intérêt des autres. Et c’est encore vous, qui entretenez les conflits au niveau des chefs (coutumiers). Le conflit est devenu politisé. Je pense que, ce que vous faites ne vous profitera jamais. Vous êtes sur une chaise, vous avez le pouvoir derrière lequel il y a du sang, derrière lequel il y a des pleurs, derrière lequel il y a des maladies. Ça ne va pas vous apporter bénédiction », a-t-elle déclaré sur un ton fort.
Annonçant le message du Vice-premier ministre ministre de l’intérieur et sécurité Daniel Aselo en vue de favoriser le climat de paix à la rentrée parlementaire, la ministre près le président Tshisekedi a, en outre, proposé aux députés de trouver des solutions au lieu de préparer les troubles avec des jeunes instrumentalisés.
« Avant que le ministre de l’intérieur puisse vous parler, je vous demande de vous préparer à trouver une solution. Ne vous armez pas à trouver des jeunes qui vont vous accompagner pour créer des troubles à la rentrée. Faites honneur au chef de l’État, s’il vous plaît. Vous allez vous rappeler comme moi que, ça ne fait pas longtemps que les gens disaient, « Balubas bak’ozua bokonzi te », (les Balubas ne peuvent pas prendre le pouvoir). Mais maintenant on a le pouvoir. Faites voir aux yeux de ces gens-là que Muluba peut avoir le pouvoir et très bien diriger », a-t-elle martelé.
» Les députés auteurs des conflits. Les députés auteurs des divisions. Les députés instrumentalisent les jeunes pour créer des troubles. Les députés s’entredéchirent. Les députés auteurs de beaucoup de maux qui rongent la population Kasaïenne, voilà l’image que les élus provinciaux ont, a regretté l’hôte du Kasaï oriental qui les a finalement appelés à l’ordre tant qu’il est encore temps.
Marc Valentin Kalcind