Kasaï oriental : que font les chinois au polygone de la MIBA? voici la réponse du DG Paulin Lukusa au cours d’une réunion

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La présence des chinois au polygone minier de la société Minière de Bakwanga (MIBA SA) préoccupe depuis des mois tant le personnel que les observateurs. La question a été posée au directeur général a.i Paulin Lukusa Mudiayi au cours d’une réunion avec le personnel. Sa réponse a non seulement surpris mais elle a aussi laissé plusieurs zones d’ombre qui nécessitent des explications claires.

Nous sommes mardi 28 février 2023 quand le directeur général a.i de la MIBA préside la réunion extraordinaire employeur-banc syndicale à Mbujimayi. Prennent part à cette rencontre importante, les membres de la direction générale, du conseil d’administration, la délégation syndicale. Les autres administrateurs depuis Kinshasa suivent la réunion par visioconférence. Deux points sont inscrits à l’ordre du jour dont la production de la farine avec les maïs de Madame Marthe Kasalu.

Par ailleurs, une question adressée au DG a.i sur la présence des chinois au polygone minier a gâché la rencontre. Il est question d’éclairer le personnel sur l’octroi à une société chinoise de la boucle de Dibindi, l’une des réserves importantes du polygone. Furieux, relate notre source, le Président de la réunion a répondu sans trop de commentaires: « Les chinois sont là pour empêcher les clandestins qui entrent au polygone pour voler [les diamants]. C’est ainsi que, comme nous n’avons pas des matériels, ils ont amené leurs matériels pour exploiter», avant de passer la parole au directeur technique de la géante minière de Bakwanga.

« On va leur accorder six (6) mois. On voit comment ils vont travailler et puis, ce qu’on va recevoir là [production], on va commencer à le garder dans le coffre de la MIBA. Ils ne vont pas travailler seuls. Ils seront avec quelques agents de la MIBA » a ajouté Paulin Lukusa Mudiayi alors qu’il se faisait déjà tard.

La nature du contrat avec la société «BISHIU» dont la coordinatrice serait la nièce à l’épouse au DG, selon notre source, n’a pas été révélée. Le montant versé pour commencer l’exploitation n’a pas aussi été indiqué. Cependant, dans nos enquêtes, nous avons appris que 300.000 dollars américains ont été versés comme frais de signature et l’argent a été logé à la BGFI Bank depuis novembre 2021. À quoi a servi cet argent ? Une source à Kinshasa ne donne pas trop de détails mais évoque l’achat de deux jeeps de marque Hummer et Prado, qui serviraient au transport du directeur général pendant ses séjours dans la capitale. Pendant ce temps, les agents MIBA se meurent et ne savent à quel saint se vouer.

D’autres sources à l’interne révèlent que le contrat avec cette société chinoise du reste méconnue et n’ayant aucun background dans le domaine de diamant, n’a pas été signé par l’ancien directeur financier. Ce dernier, apprend-t-on, avait déploré la procédure d’attribution du marché à cette entreprise chinoise. C’est à la réunion du conseil d’administration qu’un délégué de Bishiu s’était présenté, sans cahier des charges encore moins un business plan.

Comment le contrat d’une société dont l’État congolais est actionnaire majoritaire peut être signé avec une nouvelle société à l’insu des ministres du portefeuille, des mines et des finances? Ce dossier laisse couler beaucoup d’encre et de salive. Les jours à venir risquent d’être révélateurs de beaucoup de réalités que les travailleurs MIBA ne connaissent pas. Une enquête dans ce dossier peut se révéler épidémie à même d’emporter plusieurs têtes. Toutes les tentatives pour joindre le directeur général afin de donner sa version des faits n’ont pas abouti.

Marc Valentin Kalcind