Kasaï Oriental : La presse à la solde du coupage

Kasaï Oriental : La presse à la solde du coupage
Des journalistes au siège de la Ceni le 6/12/2011 à Kinshasa, lors de la publication des résultats partiels de la présidentielle de 2011 en RDC. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo
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A l’occasion de la journée nationale de la presse, coulisses.net jette son regard sur l’exercice du métier par les journalistes du Kasaï oriental. Dans une série d’entretiens avec des hommes de médias, il ressort que la profession a encore des sérieux problèmes à régler. Ils ont font la presse « du ventre », une pratique qui veut qu’à la couverture de chaque activité, ils réclament non seulement les frais de diffusion mais aussi les frais qu’ils ont baptisés « frais de transport ». C’est cette dernière catégorie des frais que les journalistes du Kasaï Oriental exigent avec insistance, sans quoi l’information connait une rétention. Ces frais connus sous l’appellation de « transport » sont ce qu’on qualifie de coupage.

Le coupage, explique un ancien journaliste, « est l’ensemble de ce que le journaliste reporter demande comme frais pour la diffusion d’une information. Soit le journaliste demande à l’annonceur plus que ce que le média pour lequel il travaille exige, sachant que le surplus lui revient d’office. Soit le journaliste exige des frais même pour une information qui n’est pas payante. Dans ce cas, cet argent lui est directement destiné. C’est grâce à cet argent que les journalistes vivent, nombreux travaillant sans contrat. Ils se payent avec les frais de coupage. Coupage qui vient de couper. C’est-à-dire, que le journaliste coupe l’argent sur ce qui est payé pour avoir sa part et réserve celle de la maison qui l’envoie. Coupage peut aussi être entendu comme ces frais que l’annonceur donne au journaliste pour dramatiser ou matraquer une information,  explique ce journaliste ».

Cette pratique rend les journalistes vulnérables dans la mesure où ils n’ont pas de salaire, ils n’ont aucun contrat avec leurs maisons de presse respectives. Comme conséquences, les informations sont dans la plus part de cas soient déformées à souhait, soient incomplètes. Pour un autre journaliste contacté, le coupage fait la vie des journalistes du Kasaï Oriental.  Il a plusieurs noms : il est appelé transport, unités, ou bière du journaliste que l’annonceur doit obligatoirement. Le coupage peut prendre fin, si et seulement si, les responsables des médias du Kasaï signaient des contrats avec leurs journalistes.

Le coupage est pour les moutons noirs

La pratique du coupage est pour les moutons noirs qui ont infiltré la profession. Pour le journaliste BABA ISAAC KALONJI, le journalisme est un métier noble mais le coupage le détruit. Les hommes des médias fabriquent des vedettes mais les moutons noirs ne respectent pas les principes de la profession, explique-t-il.

« Les journalistes fabriquent des vedettes, comme ils peuvent aussi assombrir quelqu’un et le descendre en enfer. Donc le fait d’avoir la possibilité de fabriquer des vedettes politiques, socio-économique, techniques, scientifiques, le métier devient noble. Mais lorsque le journaliste, ne respecte pas les normes, lorsqu’il ne se réfère pas aux lois régissant la profession, il est celui qu’on appelle « mouton noir », donc quelqu’un qui a infiltré la profession pour venir causer du tort à autrui. Or, l’article 5 du code déontologique stipule que le journaliste doit bannir les injures, tous les propos dégradants, diffamatoires, tous les dénigrements opposant autrui au mépris public, le journaliste doit s’abstenir. S’il le fait, donc il n’est pas professionnel. La pratique du coupage est venue  assombrir et ternir l’image de la profession noble», explique Isaac KALONJI

Le coupage étant nuisible à la profession du journaliste, les responsables des médias ont la lourde responsabilité de faire signer le contrat à leurs journalistes pour garantir une profession digne de son rang. C’est à cette occasion que la déontologie et le code d’éthique seront respectés. Le journalisme est un métier comme tous les autres et les journalistes ont droit à un bon traitement.

Kalcind

Rédaction

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