RDC : le député national Peter Kazadi défend l’état de siège face à ses collègues qui s’y opposent
Lors d’une session houleuse à l’Assemblée nationale ce lundi, le ministre de l’Intérieur Peter Kazadi a pris la parole pour défendre l’état de siège instauré dans l’Est de la République démocratique du Congo. Face aux critiques de certains députés, qui affirment que plusieurs territoires ont été perdus depuis la mise en place de cette mesure, Kazadi a répondu sans détour.
« J’entends des gens dire que depuis que l’état de siège existe, nous avons perdu plusieurs territoires ; vous avez raison. Mais n’oubliez pas que nous sommes victimes de l’agression rwandaise », a-t-il déclaré devant ses collègues, faisant référence à l’implication présumée du Rwanda dans le conflit à l’Est du pays. Selon lui, la situation géopolitique complexe de la région, marquée par des interventions extérieures, aggrave les efforts militaires déployés par les Forces armées de la RDC (FARDC).
L’ex ministre a rappelé que par le passé, il suffisait de deux semaines pour que les forces rwandaises atteignent Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. « Aujourd’hui, nous comptons plus d’une année de résistance », a-t-il ajouté, en référence aux progrès réalisés malgré les incursions répétées de l’ennemi.
Kazadi a ainsi justifié la prolongation de l’état de siège, mesure décrétée en mai 2021 pour tenter de ramener la sécurité dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, en proie à des groupes armés et à des conflits récurrents. Il a tenu à souligner que cette mesure exceptionnelle a ralenti les avancées des forces ennemies et permis de sauver des vies.
Une situation sécuritaire encore fragile
Cependant, les critiques à l’encontre de l’état de siège continuent d’affluer. Certains observateurs estiment que cette initiative, bien qu’elle ait temporairement contenu la menace, n’a pas permis de restaurer une paix durable dans les zones concernées. Les déplacements massifs de populations, les violences contre les civils et les exactions des groupes armés se poursuivent, alimentant le mécontentement et les interrogations quant à l’efficacité réelle de cette mesure.
Peter Kazadi, tout en reconnaissant les défis persistants, a réaffirmé la détermination du gouvernement à poursuivre les efforts pour stabiliser la région. Il a également insisté sur le fait que le soutien international, notamment des partenaires régionaux, reste crucial pour contrer les agressions extérieures et pacifier durablement l’Est du pays.
La pression monte sur le gouvernement
Malgré les assurances de l’ancien ministre de l’intérieur, la pression monte sur le gouvernement pour apporter des résultats concrets dans la lutte contre les groupes armés et les ingérences extérieures. Le président Félix Tshisekedi, qui a fait de la sécurité une priorité de son mandat, est régulièrement interpellé sur la question.
Alors que les hostilités continuent dans plusieurs territoires, la population de l’Est de la RDC attend des actions plus décisives pour mettre fin à l’insécurité qui dure depuis plusieurs décennies. Le débat sur l’état de siège ne semble pas prêt de s’éteindre au sein de la classe politique congolaise, ni sur le terrain, où la situation reste volatile.
Dans ce contexte, les propos de Peter Kazadi apparaissent comme une tentative de rassurer à la fois les parlementaires et l’opinion publique, tout en défendant les choix stratégiques du gouvernement face à un conflit d’envergure régionale.
Ronsard Luabeya