Kasaï oriental : le tabou d’échanger autour de la santé sexuelle constitue un frein au bien-être des jeunes filles (Dr Russel Kabeya)

Listen to this article

Dans la province du Kasaï Oriental, aborder la santé sexuelle demeure un sujet sensible, voire interdit, pour de nombreuses jeunes filles. Le poids des traditions et des normes culturelles continue d’imposer le silence, créant un vide d’information aux conséquences potentiellement graves.

C’est ce qu’a révélé le Dr Russel Kabeya, coordonnateur national de la Clinique Mobile des Médecins Volontaires Engagés pour la Communauté (CMM-VEC), à l’issue de plusieurs échanges organisés dans les écoles de la place.

« C’était un échange sans tabous sur le cycle menstruel avec les jeunes filles. À travers nos campagnes de sensibilisation dans différentes écoles, nous avons constaté que les adolescentes du Kasaï Oriental ont de nombreuses préoccupations liées à la santé sexuelle. Mais trop souvent, les barrières culturelles les empêchent de s’exprimer librement. Beaucoup éprouvent de la honte et de la gêne, et n’osent pas poser de questions », déclare le Dr Kabeya.

Selon le coordonnateur national de CMM-VEC, ce silence imposé prive les jeunes filles de connaissances essentielles pour comprendre leur corps, adopter des comportements sains et bénéficier d’un accompagnement adapté. Russel Kabeya a fait savoir que, cette situation constitue une menace sérieuse pour la santé physique, mentale et reproductive des jeunes filles.

Pour y remédier, la CMM-VEC renforce ses interventions dans les établissements scolaires, avec pour ambition de lever les tabous et de favoriser une parole libre et informée. Mais l’organisation a insisté sur l’implication active de la famille dans cette démarche.

« Nous devons intensifier les campagnes de sensibilisation. C’est l’un des objectifs majeurs de notre structure. J’en appelle aux parents en particulier aux mères à être à l’écoute de leurs filles, à créer des espaces de dialogue et à les accompagner avec bienveillance. À nos sœurs, je dis : bravez la peur, posez des questions, ouvrez-vous à vos mamans », exhorte le Dr Kabeya.

Enock MUTEBA MAZELA