Kasaï-Oriental : « Le policier utilise l’arme à feu parce qu’il n’a que ça comme outil de travail » s’inquiète Roger Singa Vola

Kasaï-Oriental : « Le policier utilise l’arme à feu parce qu’il n’a que ça comme outil de travail » s’inquiète Roger Singa Vola
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Plus d’une semaine après les malheureux événements qui ont émaillé les journées de 24 et 25 Juillet dernier sur le meurtre de deux personnes par les agents de la police, s’en est suivi la condamnation à perpétuité du meurtrier d’un pedaleur au Marché Odia David. Mais d’aucuns se demandent pourquoi la police utilise toujours l’arme à feu? Le commissaire provincial de la P.N.C/Kasaï Oriental trace un certain nombre d’éléments fondamentaux qui mettent les agents de l’ordre dans les mauvaises conditions

« Il y a beaucoup de paramètres qui entrent en ligne de compte. D’abord il faut savoir d’où viennent ces policiers qui sont à notre disposition entant qu’éléments de notre service, quelle est sa formation, son éducation, quel est le niveau d’instruction de ces politiciers là ? Nous avons à notre disposition des éléments de la police qui, pour beaucoup n’ont subi aucune formation c’est-a-dire il y a un oncle qui meurt, la famille pour ne pas perdre le soutien que représentait le défunt, sollicite qu’on prenne un neuveu, et tout de suite avec nos services de ressources humaines, on lui dote d’une tenue et ce qui est plus grave d’une arme. À quoi peut-on s’attendre d’un élément comme celui-là? Et les cas comme ça sont légions » s’indigne Roger Singa Vola

Par ailleurs, il a évoqué la problématique de recrutement. Les responsables n’envoient que des mauvais éléments de la société sans instruction ni formation aucune.

« Le recrutement lui même!, Qui viennent s’enrôler à la police en cas de recrutement? Nous voyons rarement des licenciés, des gradués ou même des diplômés d’Etat. Ceux-là préfèrent aller faire autre chose et qui est-ce que nous recevons chez nous ? ce sont des gens abandonnés par leurs familles, les gens dont la famille est fatiguée donc les plus mauvais éléments de la société, ce sont ceux-là qui viennent s’enrôler à la police, sans aucune éducation, sans niveau d’instruction et nous à la police, il nous est demandé seulement de leur donner de la formation, mais la formation policière ne remplace pas l’éducation de la famille. C’est cette absence d’éthique, de discipline déjà au niveau de la famille, ça pose problème. Le problème commence par là. Quand il y a recrutement, que les familles nous envoyent les bons éléments et mais si vous nous envoyez des bandits, nous aurons ce genre des policiers« , a-t-il expliqué.

« La police est un métier noble. C’est différent de l’armée, mais si nous nous tenons à ce critérium là, c’est-à-dire il n’y a les diplômés d’Etat qui peuvent faire partie de la police, donc vous voyez que parfois on est obligé à prendre ceux qui se présentent et les conséquences sont celles que nous vivons là » ajoute-t-il.

Le général de la police déplore également le manque d’équipements de service des policiers. À la place, ils utilisent ce qu’ils disposent en main comme arme létale.

« Il y a le problème d’équipements. Le policier utilise l’arme à feu parce qu’il n’a que ça comme outil de travail. On a pas des matraques. On n’a pas des choses qui peuvent dissuader. Donc le seul outil qu’on nous donne c’est l’arme létale. Quelques fois on est obligé d’utiliser cette arme pour se sortir des situations difficiles. Le policier utilise l’arme à feu parce que nous n’avons pas d’armes non létales. Nous n’avons pas suffisamment des bombes à fumigènes, des cartouches ainsi de suite et nos policiers vont devant les manifestants qui leur jettent des projectiles sans casque, sans bouclier. La conséquence est qu’ils sont toujours blessés et on est obligé de prendre en charge« , fustige-t-il

Comme solution, Roger Singa Vola compte sur la remise à niveau et le recyclage de tous les agents de l’ordre. Il compte aussi sur l’apport de l’État, pour des bonnes conditions de travail. Le numéro 1 de la police au Kasaï oriental appelle la population Kasaïenne à renouveler la confiance en la police » a-t-il conclu.

Patrick Kabuya

Rédaction

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