Kasaï oriental : le Fonds des Nations Unies pour la Population remet les kits de dignité aux femmes guéries de la fistule obstétricale

Kasaï oriental : le Fonds des Nations Unies pour la Population remet les kits de dignité aux femmes guéries de la fistule obstétricale
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Le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) a remis, ce jeudi 23 septembre, les kits de dignité aux femmes opérées et guéries de la fistule obstétricale. La cérémonie de remise a eu lieu dans l’enceinte du centre chrétien de santé, en présence du ministre de la santé et affaires humanitaires, Dr Célestin Kadima. Au total, soixante femmes, internées au fistulat clinique, ont reçu ce don. Il est constitué du seau, de deux t-shirts, d’une pièce d’étoffe, deux pagnes, de sous-vêtements, deux crèmes dentifrices, d’une brosse à dents, un peigne, de savons en poudre et de toilette ainsi que d’un sac et de quelques serviettes d’hygiène menstruelle.

Pendant des mois, elles ont bénéficié des soins gratuits à la Fistula Clinic Repair du Kasai Oriental. La plupart, venues des milieux ruraux, ont souffert de cette maladie depuis des années. Abandonnées à leur triste sort par les communautés à cause de leur état de santé, ces femmes disent avoir retrouvé le sourire. Angel Ngalula est l’une des bénéficiaires. Pendant 17 ans, elle a souffert sans savoir à quel saint se vouer. Les yeux pleins de larmes, elle dit avoir subi l’humiliation et la honte durant toutes ces années, avant de découvrir que sa maladie était curable.

« J’étais tombée enceinte à un moment donné de ma onzième grossesse. Cette grossesse allait me faire périr. J’ai donné naissance par césarienne. Au sortir de l’hôpital, j’avais rendu grâce à Dieu parce que l’enfant et moi étions vivants. Lorsque je suis rentrée à la maison, j’ai constaté que je ne pouvais plus contrôler l’écoulement de l’urine. Je me disais que c’était le diabète, alors que Dieu m’a déjà sauvée. J’ai souffert pendant 17 ans. Mon mari m’avait rejetée. Il s’irritait contre moi tous les jours. Mais Quand j’ai suivi le communiqué du DrJean-Pierre Lukusa à la radio, disant qu’il soigne les femmes dans la même situation. J’ai dit que Dieu a entendu mes pleurs. C’est comme ça que je suis venue. J’ai été opérée sans payer aucun souci. Aujourd’hui je suis guérie », explique la femme.

Pour sa part, Dr Jean-Pierre Lukusa est le chef de la clinique. Il a suivi une formation spécialisée à l’hôpital Saint Joseph de Limete [Kinshasa] grâce à l’appui de l’UNFPA, avec ses trois collaborateurs. Tous travaillent aujourd’hui dans la réparation des femmes. Face à la soixante des femmes soignées, il s’est dit heureux des résultats obtenus.

« Nous avons soigné correctement parce que UNFPA nous a outillés avant de nous donner les intrants. Nous avons été formés dans les frais de l’UNFPA qui a vu cette souffrance et a jugé bon de nous envoyer en formation, où nous avons fait quatre mois avec toute mon équipe de quatre personnes. Et quand nous sommes venus. Nous avons installé la Fistula clinic, ici, au Kasai oriental. Aujourd’hui, vous vous rendez compte. Vous voyez pour le mois de septembre. Pour la campagne, il y a soixante femmes guéries qui ont retrouvé leur sourire et leur espoir. En tous cas, c’est une joie immense que nous avons aujourd’hui », se réjouit Dr Jean-Pierre Lukusa.

Au nom du Fonds des nations unies pour la population (UNFPA), le Dr. Théophile Nemuandjare Mua Bukongo soutient que ces femmes vont, après les soins, bénéficier d’un accompagnement pour leur réinsertion dans la communauté. Il leur a aussi demandé d’éviter les grossesses à risque et aux sages femmes de signaler rapidement les difficultés lors de l’accouchement aux hôpitaux.

« La fistule obstétricale porte atteinte à la dignité de la femme, dans le sens qu’elle ne peut pas se mettre en public, elle ne peut pas aller au marcher. Pour une petite fille, elle ne peut pas aller à l’école. Ça porte vraiment atteinte à la dignité. C’est pourquoi aujourd’hui, nous donnons les kits de dignité. Dans ces kits, il y a le minimum pour que la femme puisse se sentir bien, s’habiller et être propre. (…) », fait-il savoir.

Et pour lui d’ajouter : « Nous allons plus loin parce que la femme doit être réinsérée. Vous savez que la plupart des femmes, nous les appelons vulnérables. Il y en a qui sont venues pauvres à cause de la fistule. Et elles ont perdu leur dignité dans les quartiers et elles ont été rejetées. Il y a aussi la réinsertion qui intervient plus tard. Pour l’UNFPA, ce sont des actions que nous menons en aval. En amont, nous voulons que chaque femme puisse éviter les grossesses à risque ou évite d’être mariée précocement. Qu’elle accouche à la maternité en présence d’une sage-femme et qu’elle ait accès aux soins obstétricaux d’urgence de qualité notamment la section césarienne en cas des complications»

Même message que réitère Dr Celestin Kadima, ministre de la santé et les affaires humanitaires, tout en promettant l’implication de son ministère pour que les soins de qualité soient administrés aux femmes qui souffrent de cette maladie.

« S’il vous plait, chères dames devant moi. Evitez des grossesses précoces. Evitez d’aller précocement en mariages. Chers parents, encadrez les filles et évitez de vous faire suivre et de fréquenter des structures dites sanitaires qui pratiquent l’art de guérir en catimini sans l’autorisation. Pour ce qui concerne le ministère provincial de la santé, nous allons nous impliquer pour que les soins de qualité soient administrés aux femmes », a déclaré le ministre provincial de la santé.

A noter que le représentant légal de la CPC et le chef de division provinciale de la santé ont également pris part à cette activité. En République démocratique du Congo, plusieurs femmes souffrent de la maladie. L’enquête démographique et de santé, menée en 2007, démontre que près de 42.000 femmes sont porteuses de la fistule. La maladie se manifeste par l’écoulement incontrôlé de l’urine ou l’excrétion des matières fécales chez les femmes. Frappées par cette tragédie, elles sont souvent abandonnées par leurs communautés. Et elles n’espèrent pas trouver du travail ou reprendre leur vie familiale. Depuis 2005, la RDC a lancé sa campagne pour une prise en charge de femmes congolaises souffrant de cette infirmité.

Ronsard Luabeya

Rédaction

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