Kasaï oriental : la cité de Boya menacée par l’extension du ravin
Dans la cité minière de Boya, au cœur du territoire de Miabi, un désastre écologique prend de l’ampleur. Depuis l’interruption des travaux de stabilisation en août dernier, un immense ravin continue de se creuser au centre de cette région autrefois prospère, poussant la société civile et les habitants à tirer la sonnette d’alarme. Alors que la saison des pluies bat son plein, l’érosion s’accélère, aggravant la situation chaque jour un peu plus. La menace grandit pour les infrastructures, les habitations et les voies de communication de cette cité minière autrefois dynamique.
Les causes de cette détérioration rapide sont en partie naturelles, mais aussi structurelles. Les travaux de stabilisation, initiés pour contenir le ravin, avaient déjà rencontré des obstacles financiers et techniques avant d’être brutalement suspendus. Sans ces mesures de protection, les sols déjà fragiles de Boya subissent l’assaut incessant des pluies, transformant le ravin en un gouffre qui grignote progressivement les terres environnantes. Des bâtiments résidentiels se trouvent aujourd’hui au bord de la rupture, certains risquant de basculer si rien n’est fait pour contenir l’érosion.
Une alerte de la société civile ignorée ?
La société civile du territoire de Miabi s’est mobilisée pour alerter les autorités provinciales et nationales de l’urgence de la situation. Depuis plusieurs semaines, des lettres, des rapports et des appels se multiplient, soulignant l’ampleur du danger pour les habitants de Boya et la nécessité de relancer les travaux. Pourtant, les réponses concrètes manquent, et les promesses d’intervention restent à l’état de simples annonces.
Pour les représentants de la société civile, cette absence de réaction des autorités est incompréhensible. « Le ravin progresse sous nos yeux. Les habitants vivent dans la peur et risquent de tout perdre », déclare un membre influent de l’organisation locale, qui se bat pour sensibiliser à cette cause. « Nous avons besoin d’une réponse immédiate, car chaque jour qui passe rend la situation plus complexe et plus coûteuse à résoudre. »
Une route stratégique coupée, l’économie locale en péril
Outre les risques immédiats pour la sécurité des personnes et des biens, le ravin menace également l’économie de Miabi et des environs. La route menacée, autrefois un passage vital pour les producteurs agricoles de la région, est aujourd’hui partiellement impraticable. Cette voie représente une artère essentielle pour le transport des produits agricoles, reliant Boya aux marchés locaux et régionaux. La détérioration de cette route ne fait qu’ajouter aux difficultés économiques de la région, déjà impactée par le ralentissement des activités minières.
Des agriculteurs témoignent de l’impact direct de cette coupure : « Nous ne pouvons plus transporter nos récoltes vers les marchés sans détourner des kilomètres de plus. Les coûts de transport explosent, et une partie de nos produits ne peut même plus atteindre les acheteurs, » explique un cultivateur de manioc de Miabi. En paralysant cette route stratégique, le ravin compromet non seulement les revenus des familles locales, mais aussi la sécurité alimentaire de plusieurs localités qui dépendent de cette production.
Un appel pressant à l’action
Face à cette crise, la société civile et les habitants de Boya réclament une intervention rapide et coordonnée. Les experts locaux estiment qu’une reprise rapide des travaux de stabilisation du ravin est indispensable pour éviter un désastre encore plus grave. « Nous avons besoin d’ingénieurs, de financement et d’un plan solide pour contrôler l’érosion et rétablir la sécurité de la zone », plaide un géologue intervenant bénévolement pour sensibiliser les habitants et les autorités. Selon lui, chaque mois de retard dans la stabilisation du ravin en augmentera les coûts, et une intervention tardive pourrait nécessiter des investissements bien plus importants pour éviter des pertes humaines et matérielles.
Les autorités sous pression
Du côté des autorités provinciales et nationales, la situation à Boya semble être bien connue, mais les actions concrètes se font encore attendre. Dans un récent discours, un représentant du gouvernement provincial a promis de faire de cette question une priorité, soulignant la « nécessité de protéger les citoyens et de restaurer les infrastructures stratégiques ». Cependant, aucune date précise n’a été annoncée pour la reprise des travaux, et la population reste dans l’incertitude.
Les habitants de Boya et les organisations locales craignent que le ravin continue de progresser sous l’effet des pluies si des mesures ne sont pas prises dans les semaines à venir. Pour la société civile de Miabi, cette situation est devenue un symbole de l’inaction et de la lenteur administrative qui affectent tant de régions du pays. « Nous avons besoin de solutions, pas de paroles. La situation ici est urgente », martèle un responsable local, visiblement exaspéré.
Une bataille pour la survie de Boya
La ville minière de Boya, autrefois florissante, se retrouve aujourd’hui face à une crise sans précédent. Pour les habitants, le ravin n’est pas qu’un phénomène naturel : il représente la menace de perdre leurs maisons, leurs moyens de subsistance et, pour certains, la peur de voir leur communauté se désintégrer. Si une intervention rapide et efficace n’est pas mise en place, Boya risque de devenir une ville fantôme, abandonnée sous l’effet de l’érosion.
Pour la société civile et la population de Miabi, l’urgence est claire : il faut agir immédiatement pour éviter une catastrophe humaine et écologique. En attendant, le ravin continue de creuser silencieusement, avançant chaque jour un peu plus vers le cœur de Boya, sous le regard inquiet de ses habitants.
Ronsard Luabeya