Sommet de Malabo : le Rwanda se retire de la CEEAC et accuse Kinshasa de manipulation politique

Le Rwanda a officiellement annoncé samedi 7 juin son retrait de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC), à l’issue du 26ᵉ sommet ordinaire tenu à Malabo, en Guinée équatoriale. Dans un communiqué publié par le ministère des Affaires étrangères, Kigali accuse la République Démocratique du Congo (RDC) de manipuler les institutions régionales à des fins politiques, avec le soutien tacite de plusieurs États membres.
Cette décision sans précédent marque un tournant dans l’histoire de l’organisation, fondée en 1983, et survient sur fond de vives tensions diplomatiques entre Kigali et Kinshasa.
Contexte du retrait de Kigali
Réunis à huis clos pendant plus de trois heures, les chefs d’État de la CEEAC ont abordé plusieurs dossiers sensibles, notamment la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC. Dans leur communiqué final, les dirigeants ont reconnu « l’agression dont est victime la RDC par le Rwanda » et ont exigé « le retrait immédiat des troupes rwandaises du territoire congolais ».
Autre point de discorde : la passation de la présidence tournante de la CEEAC. Selon le principe établi par l’article 6 du traité de l’organisation, le Rwanda devait en assurer la présidence à l’issue de ce sommet. Toutefois, en raison du différend non résolu avec la RDC, les chefs d’État ont décidé de prolonger le mandat de la Guinée équatoriale. Une décision que Kigali considère comme une violation flagrante des statuts.
Dans sa déclaration officielle, le gouvernement rwandais affirme que cette marginalisation s’inscrit dans une dynamique déjà à l’œuvre depuis plusieurs années. Kigali rappelle avoir été exclu du 22ᵉ sommet tenu en 2023 à Kinshasa, et avoir à l’époque saisi le président en exercice de l’Union africaine sans obtenir de réponse satisfaisante.
« Le silence et l’inaction qui ont suivi ont confirmé l’échec de l’organisation à faire respecter ses propres règles », peut-on lire dans le communiqué.
Estimant que ses droits en tant qu’État membre ont été bafoués à plusieurs reprises, le Rwanda affirme ne plus reconnaître la légitimité d’un cadre régional devenu, selon ses termes, « contraire à ses principes et à son utilité ». D’où sa décision de se retirer de la CEEAC, avec effet immédiat.

EMM