RDC-Ouganda : un plan commun pour la délimitation des frontières prend forme
Les experts congolais et ougandais, réunis depuis le 4 septembre 2024 à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, ont franchi une étape décisive dans le processus de reconstitution des frontières terrestres et lacustres entre la République Démocratique du Congo (RDC) et l’Ouganda. Cette question, longtemps source de tensions entre les deux nations, a fait l’objet de discussions approfondies, aboutissant à l’élaboration d’un budget commun destiné à financer ces travaux de délimitation.
Au terme de trois jours de pourparlers intensifs, ce vendredi 6 septembre 2024, la commission technique mixte a présenté les conclusions de ses travaux. Elle a convenu que les opérations de rétablissement des frontières débuteront officiellement en mai 2025, après les préparations nécessaires. Ce calendrier représente une avancée majeure dans les efforts de stabilisation des relations entre les deux États voisins, régulièrement confrontés à des différends territoriaux.
Un projet ambitieux pour prévenir les conflits frontaliers
Pour le colonel Naboth Mwegwa, chef de la délégation ougandaise, cette initiative conjointe est essentielle pour éviter toute future escalade entre la RDC et l’Ouganda. Il souligne que les deux pays, partageant des frontières communes et un voisinage historique, se doivent de collaborer étroitement afin de garantir une cohabitation pacifique. « La délimitation claire des frontières profitera tant à la RDC qu’à l’Ouganda », a-t-il affirmé, en rappelant l’importance de maintenir des relations de bon voisinage basées sur le respect mutuel.
Les travaux de délimitation concernent à la fois les frontières terrestres et les zones lacustres, des espaces particulièrement sensibles du fait de leur richesse en ressources naturelles. Ces zones sont souvent la cause de tensions, en raison de la présence d’intérêts économiques et de l’exploitation des ressources, notamment la pêche et les minerais. En fixant des frontières claires et mutuellement reconnues, les deux pays espèrent ainsi réduire les sources potentielles de conflit.
Vers une stabilisation des relations bilatérales
La coopération entre la RDC et l’Ouganda dans ce projet de délimitation marque une nouvelle ère dans leurs relations bilatérales. Ces dernières ont souvent été fragilisées par des désaccords frontaliers, exacerbés par des incidents impliquant les forces armées et les communautés locales. En se réunissant pour trouver des solutions concertées, les deux pays démontrent leur engagement à résoudre pacifiquement leurs différends.
Le succès de ce processus de délimitation repose sur plusieurs facteurs, notamment l’implication des gouvernements et la participation active des communautés locales, qui jouent un rôle central dans la gestion des frontières. À ce titre, des consultations régulières seront organisées avec les populations concernées pour s’assurer que leurs intérêts soient pris en compte dans l’élaboration des nouvelles frontières.
Un défi technique et diplomatique
Si le projet de reconstitution des frontières entre la RDC et l’Ouganda se présente comme une solution aux conflits frontaliers, il demeure un défi technique et diplomatique de taille. En effet, les zones concernées couvrent des milliers de kilomètres et traversent des territoires aux reliefs variés, allant des montagnes aux zones lacustres, ce qui rend les travaux de délimitation complexes.
En plus des aspects géographiques, la dimension historique et culturelle des frontières doit également être prise en compte. Les populations vivant le long de ces frontières partagent souvent des liens ethniques, linguistiques et commerciaux, ce qui rend toute modification des frontières potentiellement délicate. Ainsi, la commission technique devra veiller à prendre en compte ces réalités afin de garantir que les nouvelles frontières reflètent non seulement les besoins des États, mais aussi ceux des communautés locales.
Un pas vers la paix durable
La reconstitution des frontières entre la RDC et l’Ouganda, prévue pour démarrer en mai 2025, représente un pas significatif vers la consolidation de la paix et de la stabilité dans cette région d’Afrique centrale. En résolvant les différends territoriaux de manière proactive et pacifique, les deux pays démontrent leur volonté de construire des relations basées sur le dialogue et la coopération.
Ce projet pourrait également servir d’exemple à d’autres pays africains confrontés à des conflits similaires, illustrant l’importance de la diplomatie et de la collaboration technique dans la gestion des frontières. Pour la RDC et l’Ouganda, l’aboutissement de ce processus pourrait renforcer leur partenariat à long terme et ouvrir de nouvelles opportunités de coopération dans d’autres domaines clés, tels que la sécurité, l’économie et le développement.
En définitive, cette initiative conjointe témoigne de la maturité politique des deux nations, prêtes à surmonter leurs différends pour garantir une coexistence pacifique et prospère.
Ronsard Luabeya