Ituri : l’UDPS divisée sur l’état de siège, entre espoirs et désillusions

Ituri : l’UDPS divisée sur l’état de siège, entre espoirs et désillusions
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Quatre ans après l’instauration de l’état de siège en Ituri, le débat fait toujours rage, y compris au sein de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), parti présidentiel. Tandis que certains cadres déplorent les résultats mitigés de cette mesure exceptionnelle, d’autres saluent les avancées enregistrées sur le terrain.

Décrété le 3 mai 2021 par ordonnance présidentielle, l’état de siège visait à restaurer l’autorité de l’État et à ramener la paix dans une province en proie à l’activisme des groupes armés. Toutefois, pour Maître Séverin Tsedha, président fédéral de l’UDPS en Ituri, cette initiative n’a atteint que 30 % de ses objectifs.

« L’état de siège avait été envisagé comme une mesure temporaire pour ramener rapidement la paix. Quatre ans plus tard, c’est trop long, et les résultats sont en deçà des attentes », regrette-t-il. « J’attribue 30 % à cette initiative, car l’objectif de paix totale n’est pas encore atteint », souligne-t-il, dénonçant l’enlisement du processus de pacification.

À l’opposé, Bhayo Odhipio Jacob, secrétaire fédéral chargé de la communication au sein de la même fédération, adopte un ton nettement plus positif. Il salue le retour récent du gouverneur militaire, le lieutenant-général Johnny Luboya Nkashama, à Bunia après trois semaines de mission à Kinshasa.

« Ce retour marque assurément le soutien indéfectible de l’UDPS à la vision du chef de l’État, incarnée par le gouverneur militaire dans la province de l’Ituri », affirme-t-il.

Selon lui, l’état de siège a permis une amélioration tangible de la situation sécuritaire.

« Aujourd’hui, nous sentons une accalmie réelle. Les véhicules et les opérateurs économiques circulent librement. Cela fait plus de deux ans qu’aucun cas d’incendie de véhicules n’a été enregistré sur les axes RN4 et RN27. Ce sont des avancées très significatives », se félicite-t-il.

Si l’administration militaire met en avant une pacification partielle et une relance des activités socio-économiques, des voix critiques, notamment la société civile, qui pointe la persistance des violences et l’absence d’une paix véritable.

Le débat sur la pertinence et la durée de l’état de siège reste donc vif. Plusieurs acteurs plaident désormais pour une évaluation approfondie de cette mesure, voire pour sa levée progressive, au regard de ses limites apparentes.

Au cœur de ces tensions, l’UDPS locale semble partagée entre le soutien à la stratégie sécuritaire du gouvernement et le constat d’un bilan en demi-teinte. Un reflet des défis colossaux auxquels la RDC est confrontée dans sa quête de stabilité : garantir la sécurité, rétablir l’autorité étatique, répondre aux attentes des populations… tout en préservant l’unité politique.

L’état de siège, loin de faire l’unanimité, apparaît ainsi comme un outil de gouvernance à double tranchant, entre promesses de paix et réalités encore troublées.

Jospin wa Jorkim

Rédaction

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