Ituri: Le défenseur des droits de l’homme Anecho Baby dénonce la complicité des autorités dans l’exploitation clandestine de l’or

Le défenseur des droits de l’homme et responsable de la structure Justice et Dignité pour Tous, Anecho Baby a rejeté en bloc les accusations portées par certains acteurs politiques contre le chef du bureau des Mines du territoire de Djugu. Depuis un temps ce bureau est victime de plusieurs accusations notamment le manque de professionnalisme.
Lors de sa sortie médiatique dimanche 2 mars, Anecho Baby a qualifié ces accusations d’« infondées » et a souligné les nombreux défis auxquels l’administration minière est confrontée dans cette province en proie à l’insécurité.
« C’est un non-événement. Ituri n’a jamais eu un chef de bureau des Mines aussi compétent. Comment peut-il exercer efficacement ses fonctions alors que l’insécurité bat son plein dans les carrés miniers ? » s’est interrogé Anecho Baby.
A la presse locale, il a rappellé que la quasi-totalité de la province est sous la menace de groupes armés, limitant ainsi la présence et l’action de l’administration minière. Selon lui, 70 % du territoire de Djugu est occupé par des miliciens lourdement armés, rendant presque impossible toute régulation effective du secteur minier.
« À Djugu, nous avons la CODECO, Zaïre et Njamukula Batu. À Irumu, les groupes Chini ya Tuna, FRPI et FPIC sèment la terreur. À Mambasa, les Maï-Maï et les ADF contrôlent plusieurs zones minières », a-t-il précisé.
Outre l’insécurité, Justice et Dignité pour Tous dénonce également la fraude massive dans l’exploitation des ressources minières en Ituri. Selon Anecho Baby, plusieurs personnalités influentes, dont des généraux et des ministres, possèdent clandestinement des sites d’exploitation aurifère sans en déclarer les revenus à l’État.
« Aujourd’hui, plus de 1 000 machines d’extraction d’or appartiennent à des autorités politico-militaires et à certaines familles influentes. Ces acteurs paient des impôts directement aux miliciens pour assurer la continuité de leurs activités illégales. C’est ce que l’on observe dans des sites comme Liseyi, Lokpa, Mabanga, Dala, Kabakaba, Andisa et Ngura », a-t-il dénoncé.
Malgré l’instauration de l’État de siège en Ituri, censé rétablir l’autorité de l’État, la situation sécuritaire ne cesse de se détériorer. Anecho Baby déplore l’inaction des autorités face à la montée des violences armées et à l’exploitation illicite des ressources naturelles qui alimentent les conflits.
« L’État de siège a été décrété pour restaurer l’ordre, mais sur le terrain, ce sont les groupes armés qui imposent leur loi, pendant que les politiciens détournent l’attention du vrai problème », a-t-il conclu.
En Ituri, l’exploitation minière demeure l’un des principaux facteurs de l’instabilité. Face à cette situation, les appels à un contrôle renforcé et à une meilleure sécurisation du secteur minier se multiplient.
Jospin wa Jorkim