RDC : Assassinat de Mzee Kabila, retour sur cet événement

RDC : Assassinat de Mzee Kabila, retour sur cet événement
FILE--President Laruent Kabila surveys the room prior to several hours of talks with the United States Ambassador to the United Nations, Bill Richardson, in the southern Congolese town of Lubumbashi, on June 7, 1997. Belgian Foreign Ministry officials said late Tuesday, Jan. 16, 2001 that Kabila had died in an attempted coup, though that could not be confirmed. A member of Kabila's security entourage said on condition of anonymity that a bodyguard had shot the president in the back and right leg. Kabila was alive and was being treated by doctors, he said without elaborating. (AP Photo/Adil Bradlow)
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Ce samedi 16 janvier 2021, tous les Congolais commémorent le 20ème anniversaire de l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, ancien président de la République, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat. Cet assassinat était intervenu le 16 janvier 2001. Comment en est-on arrivé à cette tragédie ? Voici le récit que vous livre votre média, coulisses.net.

Né le 27 novembre 1939, selon plusieurs biographes et témoins, ou le 27 novembre 1941, selon un entretien de 1999, à Jadotville (l’actuelle Likasi) dans le Haut-Katanga, Laurent-Désiré Kabila est originaire de la province de Tanganyika. Il a fait ses études secondaires à l’institut Saint-Boniface d’Élisabethville (Lubumbashi), ses études universitaires à l’étranger (Paris, Tachkent ou Belgrade et plus tard à Dar es Salaam).

Engagement politique

D’août 1960 à janvier 1961, il lutte contre la gendarmerie katangaise dans les rangs de la jeunesse du Parti Balubakat (Jeubakat), le parti qui regroupe les membres de l’ethnie des Luba. Jason Sendwé, chef de la Balubakat, remarque ses talents d’orateur et le nomme « colonel » des jeunesses, en fait des milices balubakats au Katanga. Il sort de l’anonymat en septembre 1963 lors de la création du Comité national de libération (C.N.L.), formation politique nationaliste (lumumbiste) et révolutionnaire qui veut éliminer par la lutte armée le gouvernement Adoula. Il y est secrétaire général aux Affaires sociales, Jeunesse et Sports.

Quelque temps plus tard, ses milices se rallient à l’insurrection déclenchée par les forces lumumbistes ; en juillet 1964, lors de la prise d’Albertville (l’actuelle Kalemie), capitale du Nord-Katanga, par l’Armée populaire de libération, on le retrouve vice-président d’un « gouvernement provisoire » qui ne durera que quelques mois. Au début de l’année 1965, il se replie au Kivu où il est nommé chef des opérations militaires par un pouvoir rebelle qui contrôle à cette époque plus du tiers du territoire congolais. Il est toutefois plus présent dans les capitales étrangères d’Afrique orientale (Nairobi et Dar es Salaam) que dans les maquis qu’il paraît diriger de loin.

De 1967 à 1985, Laurent-Désiré Kabila, suit un double parcours : il est à la fois le chef « révolutionnaire » incontesté d’un maquis peu étendu situé aux alentours de Hewa dans les montagnes de l’extrême sud du Kivu, mais aussi un commerçant qui tire de substantiels bénéfices du trafic d’or et d’ivoire dont il détient le monopole dans son maquis. Après l’effondrement de celui-ci en 1985 (guerres de Moba), on perd la trace de Kabila, dont certains commentateurs affirment qu’il aurait été dans l’entourage d’un autre rebelle, John Garang, chef du plus important maquis soudanais.

Résidant principalement à Dar es Salaam, on l’aperçoit aussi à Kampala, en Ouganda, où il entretient des liens amicaux avec le président Yoweri Museveni. Pendant la longue « transition démocratique » zaïroise (1990-1996), ni lui, ni le parti qu’il a fondé en 1967 dans les maquis du Kivu, le Parti de la révolution populaire (P.R.P.), ne participent à la Conférence nationale souveraine qui doit amener le Zaïre vers la IIIe République et qu’il considérera toujours comme une institution « à la solde de Mobutu ».

Animateur des groupes armés

Farouchement opposé à Joseph Mobutu, Mzee Laurent-Désiré Kabila, à la tête de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL), arrive au pouvoir en mai 1997, au moyen d’un coup d’Etat.
Dès 1996, Kabila sort soudainement de l’ombre. Il signe à Gisenyi (Rwanda) avec trois autres « rebelles » et exilés zaïrois un protocole d’accord créant l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (A.F.D.L.) dans lequel les quatre participants s’engagent à œuvrer pour chasser Mobutu du pouvoir. Mais un seul des signataires dispose des combattants pour ce projet.

Ils devront donc compter au départ uniquement sur l’apport des troupes et de la logistique militaire des armées rwandaise, ougandaise puis angolaise. Commence alors l’étonnante « anabase» militaire et politique qui, en quelques mois, conduit l’A.F.D.L. de Kivu à Kinshasa, conquise sans effusion de sang le 17 mai 1997, au lendemain de la fuite précipitée, le 16 mai, du « grand léopard » qui disparaît sans soulever d’émotion dans son pays.

Au fil d’une fulgurante avance qui l’étonne lui-même, Mzee Kabila constitue vaille que vaille un semblant d’armée congolaise, composée essentiellement de jeunes recrues — enfants-soldats — ou de déserteurs des anciennes forces armées zaïroises. Par la suite, il réussira progressivement à éliminer ou à contenir politiquement les trois anciens fondateurs de l’A.F.D.L. dont il n’était au début que le « porte-parole ».

De prise de pouvoir à sa mort

Proclamé président, Laurent-Désiré Kabila, qui prétendait n’avoir jamais été Zaïrois efface toute référence à cette dénomination née en 1971 par décision de son prédécesseur, Joseph Mobutu : le pays retrouve son nom d’origine, le fleuve est à nouveau rebaptisé Congo, le franc congolais se substitue au nouveau Zaïre, l’hymne national, la devise du pays sont changés.

Trois ans après son avènement au pouvoir, Laurent Désire Kabila tente d’apporter des reformes dans la gestion du pays. Il dote alors le pays d’une nouvelle monnaie appelée Franc Congolais. Un 16 janvier 2001, Mzee Kabila est assassiné par son garde rapproché. Une mort tragique qui laisse le pays entier dans l’émoi.

Ronsard Luabeya

Rédaction

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