Kasaï oriental : quand l’État congolais abandonne les magistrats à leur triste sort

Kasaï oriental : quand l’État congolais abandonne les magistrats à leur triste sort
Listen to this article

Nommés par le Président de la République Démocratique du Congo sur proposition du conseil supérieur de la magistrature, les magistrats affectés au Kasaï oriental œuvrent dans des conditions inhumaines qui frisent un abandon, mieux une méconnaissance de la part de l’État congolais. Les preuves qui soutiennent cette affirmation sont légion, comme le démontre le constat effectué sur terrain.

Logements indécents

Situées à Maman Yemo, dans la commune de la Muya, les résidences que le gouvernement a pourvues pour les magistrats, sont loin d’être des habitations dignes des agents de l’État au service de la nation. Ce sont des maisons en délabrement très avancé. Véritables foyers des chauves-souris, ces maisons sont abandonnées alors qu’elles appartiennent au corps du troisième pouvoir.

« Quand vous allez à l’exécutif, vous trouverez qu’on leur donne des moyens pour payer même des vestes, pour arranger les bureaux. C’est la même chose à l’Assemblée…», explique maître Justice Tshiamala, du Centre des droits de l’Homme et droit Humanitaire (CDH).

Bureaux sombres, contigus et non meublés

Les magistrats du Kasaï oriental ne vivent pas seulement dans de mauvaises conditions, mais ils travaillent aussi dans un environnement moins approprié, moins confortable.  « Ils vivent dans des bureaux contigus, des bureaux qui ne sont pas dignes d’un magistrat, pas des chaises, pas des tables, etc. Parfois ce sont les magistrats eux-mêmes qui se débrouillent pour avoir des chaises. Ils se débrouillent pour avoir des tables », ajoute-t-il.

Comparativement à d’autres secteurs, le gouvernement congolais a totalement oublié le secteur de la justice. Quand il s’agit de la justice, personne ou presque ne s’y intéresse. Pendant que l’exécutif et le législatif sont dotés de beaux bâtiments, des moyens de transport. « Allez au parquet. Allez au niveau de la cour. Allez au niveau des tribunaux. Il n’y a pas ces moyens. Regardez la salle d’audiences. Vous trouvez que c’est une salle qui n’honore pas. Le secteur de la justice est comme un secteur abandonné. Si on s’intéresse à d’autres secteurs, le secteur de la justice, on ne s’intéresse pas tellement», regrette maître Justice Tshiamala.

Qui sauvera la justice au Kasaï oriental ?

Cette question qui, du reste, est loin de trouver la réponse, devrait être une priorité pour les autorités actuelles tant du niveau national que provincial. La justice est le pilier d’un État de droit. À cet effet, délaisser les magistrats, c’est les exposer à tomber dans des antivaleurs comme la corruption, la concussion, etc.

Sauver la justice congolaise, c’est mettre dans des conditions minimums les magistrats. C’est notamment leur doter des cadres appropriés pour le travail et meublés, leur doter des moyens de transport comme c’est le cas avec les animateurs d’autres services de l’État, revoir leur rémunération, construire les logements et les équiper. C’est aussi ça l’État de droit tant prôné par le Chef de l’État Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.

Marc Valentin Kalcind

Rédaction

Rédaction

Coulisses.net, la géante machine de l’actualité RD Congolaise.