Kasaï oriental :À l’approche de l’inauguration des bâtiments de l’UOM, le recteur Tshibaka Tshikongo initie une réflexion pour en faire une véritable université

L’Université Officielle de Mbujimayi (UOM) a ouvert jeudi 8 mai son troisième colloque international, sous le haut patronage de la ministre de l’Enseignement Supérieur et Universitaire, Marie-Thérèse Sombo Mukuna.
Placée sous le thème « Du Sud-Kasaï aux Kasaï orientaux : l’université face à l’avenir de la région congolaise de Mbujimayi », cette rencontre scientifique de trois jours se tient dans la salle des spectacles de l’Hôtel Métropole du Kasaï.
Cette grande messe académique réunit professeurs, chercheurs, chefs de travaux et autorités politico-administratives, tous engagés dans une réflexion de fond sur le rôle de l’université dans le développement régional.
Dans son discours d’ouverture, le recteur de l’UOM, l’abbé Apolynaire Tshibaka Tshikongo, a mis en avant la portée symbolique et stratégique de cette initiative. Pour lui, ce colloque vise à poser les jalons d’une véritable université, désormais dotée d’infrastructures modernes conformes aux standards internationaux.
« Une nouvelle architecture est porteuse d’une vision du monde. Trente-deux ans après, nous avons des infrastructures qui nous réconcilient avec la tradition universitaire », a-t-il déclaré.
Le recteur a présenté l’agenda des trois jours, précisant que les échanges dépasseront le cadre strictement académique pour interpeller l’ensemble de la société. Il a annoncé qu’il clôturera les travaux par une conférence au cours delaquelle il donnera « 20 propositions pour faire de l’UOM une véritable université ». Il a également encouragé la participation active des étudiants, même s’ils n’interviennent pas en tant que conférenciers.
Pour le recteur Tshibaka, le thème de ce colloque revêt aussi une dimension historique et identitaire forte.
« Le Sud-Kasaï comme province n’est pas né d’un dénombrement mais d’une souffrance. Nous réfléchissons sur une université qui est elle aussi née dans le sang », a souligné le recteur, évoquant les origines douloureuses de l’UOM, fondée dans un contexte de crise sociale et identitaire.
De son côté, la ministre Marie-Thérèse Sombo Mukuna a salué l’initiative et félicité les organisateurs pour leur engagement. Elle a rappelé que cette rencontre s’inscrit dans la dynamique gouvernementale d’un enseignement supérieur utile à la société, enraciné dans les réalités locales et moteur d’un développement équitable et durable.
« L’université doit devenir, pour Mbujimayi, un incubateur de solutions, un pôle d’excellence du progrès social et économique », a-t-elle affirmé.
Point d’orgue de cette première journée, la remise solennelle de trois doctorats honoris causa à des professeurs émérites, en reconnaissance de leur contribution exceptionnelle à l’enseignement supérieur.
Parmi les interventions marquantes, celle du professeur Innocent Tshiamala Mujanyi, intitulée « L’Université Officielle de Mbujimayi dans la marche du peuple Luba », a retenu l’attention. Il y a rappelé les origines de l’UOM, née dans un contexte de conflit et d’exclusion. Face au refoulement du peuple kasaïen, une soif d’accès à l’enseignement supérieur s’est exprimée dans la région. Des figures emblématiques comme Jonas Mukamba Kadiata Nzemba et Tharcis Tshibangu, à travers la Fondation Cardinal Malula, ont alors jeté les bases de l’UM. Face à une démographie galopante il faudrait mettre en place un Centre Universitaire de Mbujimayi, une université qui n’est pas née d’un projet mais dans le sang.
Le colloque se poursuivra jusqu’au samedi 10 mai, avec des échanges intenses et des recommandations attendues pour repositionner l’UOM comme acteur central du développement territorial
Enock MUTEBA MAZELA